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Campement à l’Université de Toronto : les politiciens de plus en plus inquiets

Des manifestants tiennent des drapeaux palestiniens.

En soirée jeudi, les manifestants ont scandé des slogans devant la façade d'un des immeubles de l'université.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

RCI

La présence d'un campement de manifestants propalestiniens sur le campus de l'Université de Toronto inquiète la classe politique.

Plusieurs se sont prononcés en faveur du droit de manifester, mais ont ajouté que les manifestants doivent respecter certaines consignes.

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a répété que les manifestants doivent s'exprimer sans haine.

En fait, selon la ministre ontarienne des Collèges et Universités, les campements comme celui à l'Université de Toronto (nouvelle fenêtre) constituent une infraction à la loi.

Une organisation de défense des étudiants juifs dans les universités ontariennes, elle, affirme que certains des manifestants sur place y sont pour harceler et intimider les étudiants juifs.

Une vue aérienne d'un groupe de manifestants.

Des sympathisants à la cause des campeurs se sont présentés sur le campus de l'Université de Toronto en après-midi jeudi.

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell/CBC News

L’Ontario renvoie les universités à la police

Dans une déclaration écrite, la ministre ontarienne Jill Dunlop dit qu'elle s'attend à ce que les établissements postsecondaires collaborent avec les forces de l’ordre et prennent des mesures appropriées.

Comme pour toute autre infraction à la loi, nous nous attendons à ce que les établissements postsecondaires collaborent avec les forces de l’ordre et les services de sécurité des campus pour donner suite à tout incident lié à la haine ou au racisme, tout type de campements ou d’occupations non autorisés, ainsi que toute forme de discrimination dans leurs locaux, peut-on lire dans la déclaration de la ministre Dunlop.

La ministre durant un point de presse devant des drapeaux du Canada et de l'Ontario.

La ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop. (Archives)

Photo : La Presse canadienne / Arlyn McAdorey

Sans appeler la police à déloger les manifestants, comme l'a fait le premier ministre François Legault pour le campement à l'Université McGill, (nouvelle fenêtre) à Montréal, Mme Dunlop n'est pas prête à tolérer les campements.

Les présidences des collèges et des universités se sont engagées auprès du gouvernement à travailler activement avec leurs équipes pour mettre en place des mesures appropriées.
Une citation de Jill Dunlop, ministre des Collèges et Universités de l'Ontario

Elle ne donne pas de détails sur la nature des mesures à adopter.

Ces mesures ont pour objectif d’assurer la sécurité et le bien-être de la population étudiante, du corps professoral et du personnel, tout en assurant la continuité de l’apprentissage et la participation, sans entrave, des étudiantes et des étudiants à la cérémonie de remise des diplômes, explique-t-elle.

À l'Université de Toronto, la collation des grades est prévue pour juin.

Des tentes sur la pelouse du cercle King's College à l'Université de Toronto le 3 mai 2024.

La situation était calme vendredi matin au campement propalestinien à l'Université de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Myriam Eddahia

Un langage haineux

Une soixantaine de tentes ont été plantées sur la pelouse du cercle King's College de l'Université de Toronto. Le campement comptait une centaine de protestataires vendredi midi, selon les organisateurs.

Dans un communiqué envoyé vendredi après-midi aux manifestants, la vice-provost de l'université Sandy Welsh a déclaré qu'elle avait été témoin d'actions et de comportements qui contrevenaient à ce qu'elle attendait d'une manifestation pacifique.

Elle y affirme que des manifestants ont utilisé un langage haineux, d'exclusion, discriminatoire ou intimidant dans les chants et les pancartes. Elle y ajoute que certains d'entre eux auraient bloqué les voies d'accès des pompiers et que des déchets biologiques ont été déversés dans les jardins et sur l'herbe.

Nous avons également reçu des rapports faisant état de graffitis et d'un lampadaire cassé, y ajoute Mme Welsh. Le fait que vous ne soyez pas en mesure d'assurer le contrôle des foules ne fait qu'accroître nos inquiétudes quant aux dommages à venir.

Des manifestants jouent du tambour.

Plus tôt en après-midi jeudi, quelques contre-manifestants ont affronté les campeurs, puis sont repartis.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Des extrémistes

Dans une déclaration écrite, le groupe juif Hillel Ontario dit avoir entendu des manifestants crier tous les sionistes sont des racistes et avoir vu des inscriptions au sol à la craie disant retournez en Europe, ce qui est, selon eux, un exemple d'antisémitisme.

En dépit de l'indication de l'administration selon laquelle les occupants devaient quitter le campus après 22 h jeudi [...], l'Université a choisi malheureusement d'acquiescer. Les étudiants juifs se demandent quand l'université va agir, affirme Hillel Ontario.

Le groupe a demandé une réunion d'urgence avec la direction, affirmant que le droit à la manifestation n'est pas absolu.

Pour sa part, le groupe juif B'nai Brith accuse les universités canadiennes d'avoir capitulé face à des extrémistes qui occupent illégalement leur campus.

Erin Mackey en point de presse à l'Université de Toronto le 3 mai 2024.

Erin Mackey, porte-parole des manifestants du campement à l'Université de Toronto, assure que le mouvement est pacifique.

Photo : Radio-Canada

Erin Mackey, porte-parole des protestataires, assure que les propos haineux ne sont pas tolérés au campement.

Elle refuse de garantir que tous les manifestants dans le campement sont des étudiants, des professeurs ou des membres de la communauté universitaire locale. Beaucoup de gens nous font des dons et nous fournissent des vivres, se contente-t-elle de répondre.

L'étudiante accuse à nouveau la direction de l'Université de Toronto d'ignorer les demandes de dialogue des étudiants et leurs revendications en faveur du boycottage des entreprises israéliennes complices du génocide et de l'apartheid dans la bande de Gaza.

Les étudiants ont le droit de manifester, dit Olivia Chow

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, dit comprendre les émotions que suscite le conflit armé au Proche-Orient et le besoin des étudiants de s'exprimer, sans se prononcer sur une possible intervention policière.

Mme Chow rappelle que les étudiants ont le droit de manifester en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Pourvu que ce soit fait sans haine, pacifiquement et respectueusement, précise-t-elle.

Dans le cas de l'Université de Toronto, c'est un espace privé, ajoute-t-elle. Il revient à l'Université de Toronto de déterminer son arrangement avec la police en matière de sécurité.

Avec des renseignements fournis par Myriam Eddahia et CBC News

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