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AnalyseL’impitoyable course au trophée Hart

Les trois joueurs en action dans un montage en parallèle.

Nathan MacKinnon, Auston Matthews et Connor McDavid

Photo : La Presse canadienne

Il y a cette course aux séries dans l’Est de la LNH qui sera tranchée par des valeurs objectives. Idem pour la lutte au meilleur pointeur. Les chiffres auront le dernier mot. Mais comment déterminer, cette saison, quel joueur du circuit a été le plus utile?

Il y a des critères évidemment, mais chacun y va avec ses préférences et l’attribution devient forcément subjective.

Exercice périlleux scruté à la loupe chaque année, le vote pour l’obtention du trophée Hart, la plus vieille récompense individuelle de la ligue qui célèbre ses 100 ans cette saison, incombe aux journalistes qui suivent les activités de la LNH. Il n’y aura pas de bonnes réponses, bien plus de mécontents que de satisfaits, un peu de controverse de bon aloi, tout ça parce qu’il est bien difficile de départager les principaux candidats.

Le championnat des compteurs, c’est super cool, comme l’a résumé l’entraîneur du Lightning, Jon Cooper, de passage au Centre Bell au début du mois d’avril, mais il y a quelque chose de spécial avec le MVP (most valuable player, en anglais).

Les postulants sont légion.

Le gardien des Jets Connor Hellebuyck marche sur les eaux depuis le début de la campagne et affiche des statistiques plus près de celles des Dominik Hasek et Martin Brodeur de ce monde au tournant des années 2000 au cours d’une ère résolument plus défensive. Il a fait de son équipe la référence en défense dans la LNH et a sauvé à lui seul 32 buts, selon Natural Stat Trick (le deuxième à ce chapitre est à 20,6).

Quinn Hughes, un défenseur, totalise 91 points au 1er rang parmi les arrières et un différentiel de +39, bon pour le 4e échelon de la ligue. Il a mené l’un des plus spectaculaires retours en force d’une équipe cette saison et ne recevra probablement que très peu d’amour pour ce titre en dehors de la Colombie-Britannique.

Artemi Panarin est l’âme de l’attaque des Rangers de New York, lauréats du trophée des présidents remis à la meilleure équipe en saison. Il a inscrit 120 points, soit 43 de plus que le deuxième compteur de son équipe, Vincent Trochek. Sa candidature ne devrait pas faire long feu.

Et que dire de David Pastrnak, qui a gouverné une transition en douceur à Boston, comme si de rien n’était, faisant presque oublier les deux centres qui ont pris leur retraite. Patrice qui?

Pourquoi ces décents candidats sont-ils ici prestement écartés? En raison de la compétition pardi, féroce, plus que jamais dans l’histoire récente. Voici cinq options dont deux ne feront même pas partie des finalistes.

Connor McDavid

À tout seigneur, tout honneur. Il l’a déjà gagné trois fois à ses huit premières campagnes et en est le lauréat en titre.

La saison des Oilers d’Edmonton avait si mal commencé que le simple fait qu’ils soient qualifiés pour les séries éliminatoires, et plutôt bien placés par ailleurs, relève de l’exploit. McDavid, évidemment, est au cœur de cette relance. Lundi soir, il a amassé sa 100e passe de l’année, ce que seuls Wayne Gretzky, Mario Lemieux et Bobby Orr ont réussi avant lui. Un genre de mont Rushmore du hockey en attente d’accueillir sa quatrième légende.

Il compte 132 points et devrait terminer troisième dans la course au Art-Ross (champion pointeur), un trophée qui lui semblait réservé ces dernières années. Il l’a déjà soulevé cinq fois à 27 ans, à une longueur de Lemieux et à cinq de Gretzky. N’empêche, cette troisième place pourrait jouer contre lui.

McDavid participe à 46 % des buts de son équipe, un chiffre impressionnant, mais bien loin de son astronomique 57,4 % en 2021. Ce n’est donc pas divin, simplement exceptionnel. Il a maintenu le meilleur différentiel (+34) de sa carrière, une mesure certes discutable, mais qui indique quand même une tendance, surtout lorsqu’elle tend vers l’extrême.

Malgré le fait qu’il ait disputé moins de matchs que ses concurrents, il a accumulé plus de points que la plupart d’entre eux à cinq contre cinq (70). Il n’y en a qu’un qui le dépasse en fait. Justement…

Nathan MacKinnon

Du lot ici présenté, voilà le seul qui n’a encore jamais gagné le trophée Hart. Parfois, la politique prend le pas sur la raison dans ce genre d’exercice et l’idée que son temps est venu est bien réelle.

Cela dit, le gagnerait-il que ce serait en raison de ses performances, entendons-nous.

MacKinnon a atteint son apogée : 138 points, 51 buts, un ouragan sur la glace, une force brute. Il est à quatre points de Nikita Kucherov au sommet des marqueurs. Il est très bien entouré chez l’Avalanche, diront ses détracteurs. On pourra leur opposer qu’il n’a jamais ralenti la cadence malgré le fait qu’il soit l’attaquant le plus utilisé en moyenne par match (22 min 53 s) depuis 11 ans, à peu près à égalité avec son coéquipier Mikko Rantanen (22:57).

Jouer énormément confère autant d’occasions que cela sape l’énergie d’un joueur. Ce n’est pas pour rien que McDavid lui-même n’a jamais dépassé cette marque.

On le disait plus haut, MacKinnon est le meilleur pointeur à cinq contre cinq cette année avec 78. De ce nombre, il a engrangé 61 points dits primaires, c’est-à-dire les buts et les premières passes. C’est aussi lui qui compte le plus de buts gagnants (9) parmi le groupe de candidats.

Ce sera difficile, voire impossible, de l’écarter du triumvirat de tête. Peut-être, en effet, que son heure est venue.

Un joueur de hockey porte un chandail et un casque.

Nikita Kucherov, joueur du Lightning de Tampa Bay

Photo : Getty Images / Mike Ehrmann

Nikita Kucherov

Le Russe, souvent mal-aimé, s’était donné en spectacle lors du week-end du match des étoiles où il semblait complètement désintéressé par ces mièvres fanfaronnades. Les partisans torontois, qui ont certainement un grief ou deux contre le jeune trentenaire, l’avaient copieusement hué.

S’il en est ici question, c’est parce qu’un directeur général de la LNH nous avait dit après coup qu’il pensait que le petit numéro de Kucherov allait nuire à ses chances de remporter le Hart. Quand on a soumis l’idée à Cooper, l’entraîneur n’a pas mordu.

Avec le recul, la plus grande clameur des partisans pendant ce week-end était réservée à Nikita Kucherov. Peu importe pourquoi on faisait du bruit quand il était sur la glace, tout le monde voulait le voir. Pour moi, il était donc aussi le joueur le plus utile à ce moment-là, avait lancé Cooper, laissant parler sa maîtrise de l’argumentation façonnée par sa formation d’avocat.

Le pilote du Lightning a ensuite prêché pour sa paroisse.

Kucherov a traîné l’équipe sur son dos cette année. A-t-il été notre joueur le plus utile? Absolument. Surtout avec la perte de (Andrei) Vasilevskiy et de Mikhail Sergachev, des joueurs importants. On avait besoin de quelqu’un pour nous transporter. Et il l’a fait dans le concept d’équipe.

Une citation de Jon Cooper à propos de Nikita Kucherov

L’argument a du poids. Il y avait péril en la demeure pour le Lightning en début de saison en l’absence de son gardien numéro un. Et même lorsque Vasilevskiy est revenu au jeu après son opération au dos, il lui a fallu un bon moment pour retrouver son niveau stratosphérique.

Kucherov a gardé son équipe à flots pendant ces longs mois. Il a toutes les chances de gagner un second championnat des compteurs après celui de 2019. Sa récolte de 142 points le place au second rang à ce chapitre depuis la saison 1996-1997 après les 153 de McDavid l’an dernier.

Surtout, il a inscrit 53 points de plus que son plus proche coéquipier, Brayden Point. MacKinnon compte sur Rantanen, McDavid mise sur Draisaitl, Kucherov n’a personne d’aussi prolifique à ses côtés.

C’est toujours difficile de ne pas voter pour celui qui fait plus de points que les autres.

Auston Matthews

C’est parfois aussi difficile de ne pas voter pour celui qui marque plus de buts que les autres. C’est, après tout, le but du jeu.

Auston Matthews a encore deux matchs pour inscrire un 70e but cette saison. Il ne lui en manque qu’un. Son dauphin, Sam Reinhart, claudique en arrière avec 14 buts de moins. C’est une énorme marge. Le trophée Maurice-Richard lui est déjà acquis, ce sera son troisième. Il détient aussi une candidature des plus intéressantes pour le trophée Selke, remis à l’attaquant défensif par excellence.

Matthews affiche le meilleur différentiel de la ligue parmi les attaquants (+35), le cinquième au total, il a écopé de quatre punitions mineures dans toute l’année et a forcé l’adversaire à commettre 17 infractions à son endroit. Selon le site Money Puck, il a soutiré la rondelle 84 fois à l’adversaire, au 2e rang de la ligue derrière Evgeni Malkin. Matthews a également bloqué 91 tirs, troisième total parmi les avants, un palmarès qui compte plus de Barclay Goodrow et de Beck Malenstyn que d’Artemi Panarin. Seul élément qui heurte sa candidature pour le Selke : il joue peu en désavantage numérique (44 s en moyenne).

Mais il est ici question du Hart. Revenons à l’essentiel. La LNH a connu 14 saisons de 70 buts ou plus réparties parmi huit joueurs. Personne n’y est parvenu depuis Alexander Mogilny et Teemu Selanne en 1992-1993.

De ces 14 saisons, 6 ont valu le Hart à son auteur. Quand ça fait plus de 30 ans que personne n’y est arrivé, ça donne du lustre à la chose.

En gros, Matthews domine à l’attaque et est extrêmement efficace en défense, n’hésitant pas à se sacrifier comme très peu de joueurs vedettes le font. Ça commence à être, comment dire, drôlement utile, non?

Sidney Crosby

Où en seraient les Penguins de Pittsburgh cette année sans Sidney Crosby? Cette question, au fond, devrait représenter le cœur de la réflexion pour la remise du trophée Hart.

Il protège la rondelle.

Le Canadien affrontait les Penguins de Sidney Crosby.

Photo : usa today sports via reuters con / Eric Bolte

Réponse : pas bien loin. Pour qu’il soit réellement pris en considération, le Néo-Écossais devra d’abord mener sa bande jusqu'aux séries éliminatoires, ce qu’il n’a plus que 15 % de chances de réussir environ. Même s’il y parvient, il ne gagnera pas la récompense. Le numéro 87, roi parmi les hommes, sera peut-être le choix sentimental de quelques électeurs dont l’auteur de ces lignes ne fait pas partie cette saison, mais la nostalgie est souvent mauvaise conseillère, comme, vous le savez, la colère.

Une équipe vieillissante, d'anciennes vedettes en perte de vitesse : la chute semblait inéluctable. Pourtant, moins bien entouré que jamais, le capitaine des Penguins n’a pas ralenti et compte 92 points, dont 42 buts.

Quand Pittsburgh a échangé Jake Guentzel à la date limite, l’air dépité de Crosby en disait long. L’ombre de la reconstruction a semblé planer l’espace d’un instant. Depuis, il est le quatrième pointeur de la ligue et pourrait permettre à ses Penguins de connaître un autre printemps éliminatoire. Ce serait l’un de ses plus grands tours de magie.

Voilà. Les jeux sont faits, faites vos choix. Ils seront critiqués de toute façon.

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