•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Au Pakistan, le mois d’avril « le plus pluvieux » depuis 1961

Deux Pakistanais roulent à moto dans une rue inondée, enveloppés d'un sac de plastique pour se protéger de la pluie.

Le Pakistan est l'un des pays les plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes. (Photo d'archives)

Photo : AFP / ASIF HASSAN

Agence France-Presse

Si une grande partie de l'Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son « avril le plus pluvieux depuis 1961 », avec des températures près d'un degré plus basses qu'à l'habitude.

Comme souvent au Pakistan, au cinquième rang des pays les plus peuplés du monde, experts et météorologues pointent du doigt les changements climatiques.

Le pays pauvre d'Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d'habitants (environ 3 % de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s'inquiètent au pays : les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torrentielles. Qui plus est, la mousson – et son lot d'inondations, de crues subites et de dégâts – doit arriver en juillet et durera jusqu'en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l'impact est aggravé, disent les experts, par un manque d'infrastructures et une mauvaise gouvernance.

Lourds bilans

En avril, les précipitations ont atteint 59,3 millimètres, bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, mentionne un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan, a connu l'augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l'Afghanistan, où 3500 habitations ont été endommagées.

Des résidents observent l'étendue des inondations devant leur maison, le 15 avril 2024.

Dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, près de 3500 habitations ont été endommagées par les inondations. (Photo d'archives)

Photo : AFP / ABDUL MAJEED

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l'Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, les changements climatiques expliquent ce mois inhabituel. Les changements climatiques sont un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région, affirme-t-il à l'AFP.

En 2022, le pays pauvre d'Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près du tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1700 morts.

Des personnes traversent à pied un vaste terrain inondé, le 25 août 2022.

Entre juin et août 2022, 180 000 Pakistanais ont été forcés de quitter leurs maisons en raison des inondations. (Photo d'archives)

Photo : AFP / SHAHID SAEED MIRZA

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

Pas préparés

Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prête à être récoltée, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies dans un rapport récent.

Elles ont entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages.

On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant, on n'y est toujours pas préparés, constate l'avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques, dit-il.

Des résidents observent des débris et une carcasse de voiture entassés sur un muret.

Les inondations d'avril ont causé d'importants dommages matériels. (Photo d'archives)

Photo : AFP / ABDUL BASIT

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d'eau d'environ 30 % par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités montraient du doigt un enneigement hivernal moins important qu'à l'habitude dans la région des glaciers du nord.

Les enfants dans un cercle vicieux

Plus d'un an et demi plus tard, souligne l'ONU, près de 10 millions d'enfants avaient encore besoin d'aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l'UNICEF, les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sécheresse et d'inondation.

De leur conception à leur arrivée à l'âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement, poursuit l'UNICEF qui s'inquiète pour toute une génération.

Les risques qu'ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés, s'alarme l'agence onusienne.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.