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Les liens financiers entre Israël et l’Université de Toronto au cœur des revendications

Une femme masquée tient un drapeau.

Une manifestante tient un drapeau palestinien lors d'une manifestation à l'Université de Toronto le 20 mars.

Photo : Radio-Canada / Alex Lupul/CBC

Le 2 mai, des étudiants et manifestants propalestiniens ont installé un campement sur la pelouse du cercle King's College, au cœur du campus de l’Université de Toronto. Ils exigent des changements à la gestion financière de l'université.

Ce campement a été érigé quelques jours après ceux sur les campus de McGill et de l’Université d'Ottawa. Des confrontations ont aussi eu lieu entre manifestants et policiers à New York à l’Université Columbia.

Le campement de Toronto est organisé par le groupe U of T Occupy for Palestine. Or, celui-ci tient des manifestations sur le campus depuis plusieurs semaines déjà.

L'organisation a établi une liste de trois revendications.

Les revendications du groupe de protestataires

Divulguer tous les investissements détenus dans les fonds de dotation, les fonds de roulement à court terme et les autres avoirs financiers de l'université;

se départir des fonds de dotation, des actifs et des autres avoirs financiers de l'université de tous les investissements directs et indirects qui soutiennent l'apartheid israélien, l'occupation et la colonisation illégale de la Palestine;

mettre fin à tous les partenariats avec les institutions universitaires israéliennes qui opèrent dans les colonies des territoires palestiniens occupés, ou qui soutiennent les politiques d'apartheid de l'État d'Israël et son génocide en cours dans la bande de Gaza.

Source : La page Instagram de U of T Occupy for Palestine

Proche-Orient, l’éternel conflit

Consulter le dossier complet

Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

On va rester ici jusqu'à ce qu’on obtienne nos demandes. […] On ne sait pas combien de temps ça va prendre, mais on espère que ça sera bientôt, explique l'étudiante Kalliopé Anvar McCall.

On sait que ça va être un combat, nous sommes prêts à être ici à long terme.

Une citation de Kalliopé Anvar McCall, manifestante et étudiante de l'Université de Toronto
Des manifestants tiennent des drapeaux palestiniens.

En soirée jeudi, les manifestants ont scandé des slogans devant la façade d'un des immeubles de l'université.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Un fonds de dotation de 3,3 milliards $

Le fonds de dotation de l'Université de Toronto est le plus important de toutes les universités du pays, selon un article de la CBC de 2023 (Nouvelle fenêtre). Il était d'un total de 3 267 000 000 $ pour l'année financière 2022-23.

Qu'est-ce qu'un fonds de dotation?

Fonds constitué de sommes d'argent ou de valeurs mobilières obtenues par voie de legs ou de donation et dont le capital est généralement maintenu intact ou est affecté, tout comme les produits financiers qui en découlent, aux fins déterminées par le testateur ou donateur.

Source : Office québécois de la langue française (Nouvelle fenêtre)

Ces fonds ont fait les manchettes à quelques reprises ces dernières années.

En septembre 2023, dans la foulée du scandale entourant la présence à la Chambre des communes d'un ancien soldat qui a combattu aux côtés des nazis, l'Université de l'Alberta avait restitué un don à la famille de Yaroslav Hunka.

Sa famille avait créé avec ce don un fonds de dotation destiné à financer des recherches ukrainiennes.

L'Université reconnaît et regrette les préjudices involontaires causés [par l'acceptation de ce don], avait alors déclaré la doyenne de l'université.

Un an plus tôt, des manifestants à l'Université de Montréal avaient exigé que l'institution cesse d'utiliser son fonds de dotation pour investir dans l'industrie du pétrole, du gaz naturel et des combustibles.

Blake Phillips, directeur de l'école de comptabilité et de finance de l'Université de Waterloo, a déclaré à la CBC en 2023 que les fonds de dotation peuvent constituer une option intéressante pour les donateurs désireux de préserver leur héritage et un moyen d'aligner leurs valeurs sur celles d'une institution.

Des investissements qui ne sont pas publics

Nous demandons à l’Université de Toronto de rendre publique la liste de ces investissements, pour qu’on voie à quel point elle est complice de ce génocide.

Les manifestations du groupe U of T Occupy for Palestine ne datent pas d'hier. En fait, ils ont les mêmes revendications depuis plusieurs semaines déjà.

Un activiste tient une pancarte.

Des groupes de manifestants exigent que les liens financiers entre l'Université de Toronto et Israël soient dévoilés et éliminés. Ici, une personne manifeste le 20 mars sur le campus.

Photo : Radio-Canada / Alex Lupul

Des représentants ont rencontré le président de l'université, Meric Gertler, au début d'avril. Il avait alors rejeté leurs demandes.

Toute institution canadienne partage l'obligation de se départir d’investissements qui appuient l’armée israélienne afin de ne pas être complice du crime de génocide, indique une déclaration du groupe sur Instagram.

La fin des partenariats avec des établissements postsecondaires

Les manifestants exigent également que l’Université de Toronto coupe tous ses ponts avec les établissements d'enseignement qui opèrent dans les colonies des territoires palestiniens occupés, ou qui soutiennent les politiques d'apartheid de l'État d'Israël.

Kalliopé Anvar McCall, une manifestante du campement, pointe notamment deux institutions avec lesquelles l’Université de Toronto entretient des liens.

Elle accuse l’Université hébraïque de Jérusalem d’avoir un campus dans les territoires palestiniens occupés de Jérusalem-Est. En 2020, l’Université de Toronto a annoncé un partenariat de recherche et innovation (Nouvelle fenêtre) avec cette même université.

Mme Anvar McCall accuse aussi l’Institut de technologie d'Israël d'entraîner des troupes de l’armée israélienne. L’Université de Toronto a un programme d’échange étudiant avec l’université basée à Haïfa.

On demande à l’Université de Toronto de couper toute relation avec ces universités israéliennes, dit-elle.

Vue aerienne du campement propalestinien situé au King's College Circle de l'Université de Toronto, le 2 mai 2024.

Le campement propalestinien était toujours en place samedi. Cette photo a été prise jeudi en après-midi.

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell

L’Université rejette l’idée d’un boycott académique

Dans une réponse écrite au groupe et partagée avec Radio-Canada, le président de l'Université de Toronto indique que cette revendication va à l'encontre d'une politique de longue date contre les boycotts académiques .

Parce que tout boycottage universitaire est contraire à la mission et aux valeurs fondamentales de l’Université, nous rejetons avec fermetécette demande de mettre fin à de tels partenariats, y affirme M. Gertler.

Le président de l’Université de Toronto note que les collaborations entre l’établissement et des universités israéliennes comprennent un projet entre professeurs visant à lutter contre les discours de haine dans la région et à favoriser un engagement solidaire auprès des étudiants palestiniens.

Il y ajoute qu’il est à la fois inapproprié et, en fin de compte, contre-productif de cibler les universitaires qui travaillent ou étudient dans un pays particulier et de les tenir responsables des actions ou des politiques du gouvernement de leur pays.

Les problèmes urgents d’aujourd’hui seront mieux traités par des universitaires – protégés par la liberté académique – travaillant ensemble pour approfondir notre compréhension de ces questions difficiles et contribuer à trouver des solutions.

Une citation de Meric Gertler, président de l'Université de Toronto

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