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Le chevalier cuivré, un poisson qui fraie à la Saint-Jean-Baptiste

Une personne tient le poisson au-dessus d'un récipient rempli d'eau.

Un chevalier cuivré capturé à la passe migratoire de Saint-Roch pour la reproduction

Photo : Gracieuseté de Sophie Poirier

Le chevalier cuivré est l'espèce animale la plus menacée du Québec. Elle fait l'objet d'un programme d'aide à la reproduction depuis plusieurs années. Mais face au risque de la perdre à tout jamais, la cryogénisation de la laitance et la pisciculture de conservation sont maintenant utilisées pour la sauver.

Le chevalier cuivré est un poisson unique au monde. Il n'existe que dans le fleuve Saint-Laurent entre Vaudreuil-Dorion et le lac Saint-Pierre, ainsi que dans la rivière Richelieu, entre Sorel et Chambly.

Il s'agit d'un gros poisson. Il peut peser plus de 5 kilos et mesurer plus de 50 centimètres de long. Une femelle de 70 centimètres a déjà été capturée. Ses grandes écailles cuivrées rappellent l’armure des chevaliers, d'où son nom.

Combien en reste-t-il? Quelques centaines, estiment les biologistes. Il est classé espèce en voie de disparition, d'où la nécessité de lui venir en aide.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, le MFFP, a donc lancé en 2004 un programme de reproduction artificielle. La reproduction artificielle vise à reconstituer le stock reproducteur de la seule population mondiale de chevalier cuivré. L’objectif est de produire annuellement 500 000 larves et 15 000 fretins appartenant à 100 familles dans le but de reconstituer une population de 4000 individus matures sur une période de 20 ans, précise le ministère.

Un poisson qui fraie tardivement

Il existe cinq espèces de chevaliers au Québec et tous se reproduisent à tour de rôle dans la rivière Richelieu à partir du mois d'avril. Le chevalier cuivré est cependant le dernier à le faire.

On dit souvent à la blague que le chevalier cuivré est un Québécois typique : il se reproduit entre la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Canada

Une citation de Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs, la SNAP-Québec

Sa reproduction tardive n'est cependant pas sans conséquence; cela le désavantage par rapport aux autres espèces, précise la biologiste au MFFP, Nathalie Vachon.

Il est plus exposé aux pesticides parce que sa période tardive de reproduction correspond au pic d'épandage des pesticides dans le bassin versant de la rivière Richelieu.

Une citation de Nathalie Vachon, biologiste au MFFP
La passe migratoire de Saint-Ours composée de 17 bassins qui ont chacun 15 cm de dénivelé.

La passe migratoire de Saint-Ours.

Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis

Il n'existe que deux frayères connues du chevalier cuivré, toutes deux en eau vive dans la rivière Richelieu. La plus importante est située dans les rapides de Chambly, l'autre dans le bief aval du barrage de Saint-Ours.

En 2001, une importante passe migratoire a été construite au barrage de Saint-Ours pour faciliter sa remontée annuelle vers son lieu de frai. La passe est composée de 17 bassins qui ont chacun 15 centimètres de dénivelé.

C'est au niveau de la passe migratoire que l'équipe de Nathalie Vachon capture chaque année des chevaliers cuivrés pour les reproduire. Les poissons sont gardés en captivité dans un petit local adjacent au barrage.

Ils sont gardés en captivité le temps qu'on puisse les traiter aux hormones, prélever leurs gamètes donc la laitance et les ovocytes. On produit les œufs, ici, sur place. Puis les œufs sont envoyés à la pisciculture gouvernementale de Baldwin-Coaticook, où ils sont incubés et élevés. Les géniteurs, eux, sont remis à l’eau en amont du barrage de Saint-Ours dès la reproduction terminée.

Une citation de Nathalie Vachon, biologiste au MFFP

À la fin de l'été et au début de l'automne, la station piscicole expédie les jeunes poissons, appelés fretins, en Montérégie. Ceux-ci sont ensemencés dans le Richelieu, notamment à l'île Jeannotte et à l'île aux Cerfs acquises récemment par l'organisme Conservation de la nature Canada.

Nathalie Vachon.

La biologiste Nathalie Vachon devant les îles Jeannotte et aux Cerfs, récemment acquises pour protéger l’habitat essentiel du chevalier cuivré

Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis

Jusqu’à présent, 12 cycles de reproduction ont été réalisés avec succès entre 2004 et 2021. Ils ont mené à l’ensemencement de quelque 3,7 millions de larves et près de 238 000 jeunes de l’année dans la rivière Richelieu.

Comme le programme a débuté il y a 17 ans, on pourrait cependant s'attendre à ce que le nombre de chevaliers cuivrés ait augmenté substantiellement. Nathalie Vachon a pu observer en 2017 et 2018 quelques jeunes adultes, jusqu'à sept par saison.

Cela peut sembler peu, mais il ne faut pas oublier qu'il y a quelques années il ne restait que de vieux poissons, souvent les mêmes qui étaient repêchés d'année en année et reconnaissable grâce à leur micropuce.

Écoutez le reportage de René Saint-Louis à l'émission Le 15-18

Et au fil des années, l'équipe de Nathalie Vachon a dû composer avec des enjeux de taille, dont le très faible nombre de mâles qui ne permettait pas de maximiser les croisements.

Le MFFP développe donc maintenant des techniques de cryopréservation de la laitance des mâles. Le sperme est congelé et préservé dans de l'azote liquide pour optimiser les croisements lors des prochaines périodes de frai.

Une employée tient le poisson alors qu'une autre recueille la laitance dans un tube.

Retrait de la laitance d'un chevalier cuivré

Photo : Gracieuseté de Parcs Canada

À ce jour, environ 5000 fretins ont été produits au moyen de cette technique et ensemencés dans la rivière Richelieu. Nathalie Vachon précise que le taux de mortalité des alevins obtenu par cryopréservation est légèrement supérieur, mais la technique fonctionne.

Depuis l’automne dernier, le MFFP travaille aussi au développement d’un cheptel de géniteurs qui sera maintenu en permanence à la station piscicole de Baldwin-Coaticook. Ce projet a pour objectif d’optimiser la production d’un nombre stable de jeunes chaque année pour contrer les variations annuelles du nombre de captures.

La pisciculture de conservation permettra, selon Nathalie Vachon, de mieux respecter le plan de croisement théorique du chevalier cuivré. Ce plan vise à croiser chaque année 10 femelles avec 10 mâles afin que les fretins proviennent de 100 familles différentes pour préserver la diversité génétique de l'espèce.

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